Je m’apprêtais à ouvrir la grille du vieil ascenseur lorsqu’à l’intérieur de moi quelqu’un a frappé. Ça a fait comme un grand courant d’air trop calme quand j’ai entrebaillé ma tête, et laissé entrer… Sandra.
Aujourd’hui c’est le grand jour ! Je me suis imaginée la cérémonie des centaines de fois mais c’est vrai qu’on n’est pas à l’abri d’une petite surprise par ci par là, c’est la vie, c’est comme ça.
Ma coiffeuse-maquilleuse positionne merveilleusement mes cheveux, et cale d’un doigt professionnel une jolie mèche d'un blond doré sur ma tempe pour finir en boucle sous mon menton . Elle m’a maquillée simplement, juste un peu de rose sur les joues, une touche de gloss sur mes lèvres et un peu de parme sur mes paupières. Simplicité et pureté, de toute manière je vais déjà être au centre de l’attention, je ne voulais pas en rajouter. Un léger parfum floral et hop, je vais pouvoir me glisser dans du satin blanc.
Je suis un peu inquiète je n’ai pas envoyé moi-même les invitations j’espère que mes parents n’ont pas fait d’impairs et que personne n’ira jouer les trouble-fête je veux vraiment que tout soit im-pe-ccable.
Monique me dit en me faisant une rapide manucure “Et bien dis-donc, tu t’en es rongé des ongles ma belle ces derniers temps !”.
Oui, c’est vrai que j’ai été un peu stressée, qui ne le serait pas, mais dans l’histoire j’ai perdu quelques kilos et enfin retrouvé ma taille de guêpe, bref, je me sens au top.
Dans quelques heures ça va commencer. Maman s’approche de moi et félicite Monique en caressant mon front “Vous avez été parfaite, elle est très belle...” et sa phrase se finit en un petit hoquet et elle quitte la pièce avec une émotion mal contenue. Papa aussi probablement sera très ému, je l’imagine même pleurer un peu, pas trop, mais vous savez, c’est quand même de sa fifille qu’il s’agit. Il ne pourra pas s’empêcher de continuer à me voir comme une enfant c’est fou ça et à se souvenir de mes petites guiboles sur ses épaules et comme je m’accrochais à son cou, ou le premier jour d’école ou quand j’ai eu mon bac.
La pièce est remplie de fleurs. C’est un peu gâché finalement parce qu’ils ne pourront pas toutes les ramener à la maison, mais bon, tant pis, c’est le destin des fleurs de rendre juste un instant le monde joli.
Le discours du prêtre est très bien, ça parle de nouvelle vie et tout, du classique. Mais bien. C’est mon frère qui est revenu exprès de Los Angelès qui s’approche du micro pour son oraison à sa soeurette :
“Elle n’en a toujours fait qu’à sa tête”, commence-t-il en soupirant, puis il s’arrête et avale sa salive, on dirait qu’elle est un bloc de pierre tellement ça fait du bruit.
“Elle n’en a toujours fait qu’à sa tête (je ris, c’est bien vrai), elle a toujours clamé que le choix est un droit (vrai aussi), j’ai toujours respecté les siens (ouais euh, tu mens un chouille là, je me rappelle bien que tu m’avais interdit de partir à moto avec “ce loubard qui s’drogue, Sandra, regarde moi bien : tu n’iras pas”) mais là... là... je... c’est au-dessus de mes forces je ne te pardonnerai jamais d’avoir fait celui-là” (quoi ???? Qu’est-ce qu’il dit là ???).
Il s’accroche au pupitre et regarde bien plus loin que la salle et les gens et continue alors que mon père s’approche de lui.
“Jamais”, répète-t-il alors que l’assemblée commence à gesticuler. C’est le problème du jet-lag probablement, il a intérêt à se reprendre parce que là, ça craint, il gâche mon moment.
“T’es qu’une sale petite égoïste de merde Sandra, tu le sais ça ?” Mon père le prend dans ses bras mais il le repousse et continue en pleurant : “Je regrette de t’aimer. Et papa et maman ne s’en remettront jamais. Voilà ce que tu as fait.”.
Le prêtre rattrape un peu le coup mais je fais moins la maligne quand un par un les gens suivent mon père et ma mère (mon frère a quitté la chapelle) et s’approchent de mon cercueil ouvert.
Je me demande si en définitive je n’ai pas fait une boulette.
Aujourd’hui c’est le grand jour ! Je me suis imaginée la cérémonie des centaines de fois mais c’est vrai qu’on n’est pas à l’abri d’une petite surprise par ci par là, c’est la vie, c’est comme ça.
Ma coiffeuse-maquilleuse positionne merveilleusement mes cheveux, et cale d’un doigt professionnel une jolie mèche d'un blond doré sur ma tempe pour finir en boucle sous mon menton . Elle m’a maquillée simplement, juste un peu de rose sur les joues, une touche de gloss sur mes lèvres et un peu de parme sur mes paupières. Simplicité et pureté, de toute manière je vais déjà être au centre de l’attention, je ne voulais pas en rajouter. Un léger parfum floral et hop, je vais pouvoir me glisser dans du satin blanc.
Je suis un peu inquiète je n’ai pas envoyé moi-même les invitations j’espère que mes parents n’ont pas fait d’impairs et que personne n’ira jouer les trouble-fête je veux vraiment que tout soit im-pe-ccable.
Monique me dit en me faisant une rapide manucure “Et bien dis-donc, tu t’en es rongé des ongles ma belle ces derniers temps !”.
Oui, c’est vrai que j’ai été un peu stressée, qui ne le serait pas, mais dans l’histoire j’ai perdu quelques kilos et enfin retrouvé ma taille de guêpe, bref, je me sens au top.
Dans quelques heures ça va commencer. Maman s’approche de moi et félicite Monique en caressant mon front “Vous avez été parfaite, elle est très belle...” et sa phrase se finit en un petit hoquet et elle quitte la pièce avec une émotion mal contenue. Papa aussi probablement sera très ému, je l’imagine même pleurer un peu, pas trop, mais vous savez, c’est quand même de sa fifille qu’il s’agit. Il ne pourra pas s’empêcher de continuer à me voir comme une enfant c’est fou ça et à se souvenir de mes petites guiboles sur ses épaules et comme je m’accrochais à son cou, ou le premier jour d’école ou quand j’ai eu mon bac.
La pièce est remplie de fleurs. C’est un peu gâché finalement parce qu’ils ne pourront pas toutes les ramener à la maison, mais bon, tant pis, c’est le destin des fleurs de rendre juste un instant le monde joli.
Le discours du prêtre est très bien, ça parle de nouvelle vie et tout, du classique. Mais bien. C’est mon frère qui est revenu exprès de Los Angelès qui s’approche du micro pour son oraison à sa soeurette :
“Elle n’en a toujours fait qu’à sa tête”, commence-t-il en soupirant, puis il s’arrête et avale sa salive, on dirait qu’elle est un bloc de pierre tellement ça fait du bruit.
“Elle n’en a toujours fait qu’à sa tête (je ris, c’est bien vrai), elle a toujours clamé que le choix est un droit (vrai aussi), j’ai toujours respecté les siens (ouais euh, tu mens un chouille là, je me rappelle bien que tu m’avais interdit de partir à moto avec “ce loubard qui s’drogue, Sandra, regarde moi bien : tu n’iras pas”) mais là... là... je... c’est au-dessus de mes forces je ne te pardonnerai jamais d’avoir fait celui-là” (quoi ???? Qu’est-ce qu’il dit là ???).
Il s’accroche au pupitre et regarde bien plus loin que la salle et les gens et continue alors que mon père s’approche de lui.
“Jamais”, répète-t-il alors que l’assemblée commence à gesticuler. C’est le problème du jet-lag probablement, il a intérêt à se reprendre parce que là, ça craint, il gâche mon moment.
“T’es qu’une sale petite égoïste de merde Sandra, tu le sais ça ?” Mon père le prend dans ses bras mais il le repousse et continue en pleurant : “Je regrette de t’aimer. Et papa et maman ne s’en remettront jamais. Voilà ce que tu as fait.”.
Le prêtre rattrape un peu le coup mais je fais moins la maligne quand un par un les gens suivent mon père et ma mère (mon frère a quitté la chapelle) et s’approchent de mon cercueil ouvert.
Je me demande si en définitive je n’ai pas fait une boulette.
6 commentaires:
Sur ce coup-là tu m'as bien eue, je croyais dur comme fer au mariage : bravo!
J'avais beau me dire "il y a un truc, c'est sûr", je ne l'ai pas vu venir. Du très bon (encore). Et lire tes textes avec un bon café, en vacances loin de chez moi, c'est encore plus sympa qu'en pause à 10h au boulot ;)
CarrieB, tant mieux tant mieux, grand :) c'est parce qu'avec l'enterrement de vie de jeune fille, mariage ou funérailles, je m'y perds un peu ;)
STV ouh que c'est mal de blogger en vacances ;) Profite bien de ton repos hors de tes galeries !
hahaha! Tu maîtrises à la perfection la chute qui décoiffe!
Mais quel talent :)
Meryllb, c'est sans doute lié à mon métier de cascadeuse-coiffeuse. (Encore heureux que je ne bosse pas dans la blague car celle là est vraiment toute pourrie !)
Je ne commenterai pas tous tes textes, mais tu es une reine des chutes ! une véritable ceinture noire!! J'A-DO-RE!
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