Je m’apprêtais à ouvrir le boitier d’un DVD lorsqu’à l’intérieur de moi quelqu’un a frappé. Ça a fait comme un grand courant d’air confiné quand j’ai entrebaillé ma tête, et laissé entrer… Lui.
“Laisse-moi sortir”, hurlai-je en tambourinant à la porte.
“Laisse moi sortir.", répétai-je en regardant mes poings impuissants glisser sur la paroi.
“Laisse-moi sortir bordel.”, chuchotai-je en m’écroulant.
“S’il te plaît.”
“Je ferai ce que tu voudras.”
- “Tu mens.”, entendis-je en réponse comme un deuxième verrou qui grince, le cliquettis des clefs s’éloignant comme le pas d’un bourreau qui attend l’heure sans trop savoir quand elle viendra la garce.
Je me suis assis. Par terre sur le sale. Comme dans le vide. Recroquevillé comme un foetus dans un bocal de formol. M’étiolant dans les produits chimiques. Me ratatinant dans l’oubli. Dans la haine. La rancune.
- “Laisse-moi sortir et l’Everest ne sera plus qu’un petit tas minuscule dans un bac à sable pour fourmis. Laisse-moi sortir et les nuages seront gonflés de lumière comme des raisins de Californie. Le soleil au zénith embrasera le ciel comme s’il se couchait à chaque seconde. La pluie s’envolera. Je t'offrirai le monde. Laisse-moi sortir.”
- “Ta gueule.” . Et une gamelle de bouillon infect et grumeleux comme une plaie purulente me fut jetée au visage, ses morceaux sur le sol de ma prison, des rats gloutons s’en emparant comme des trésors.
“Laisse-moi sortir et chacun de tes réveils résonnera du clairon de l’aventure. Chaque seconde sera délectable. Tu voleras. Laisse-moi sortir.”
On me hurla “Tais-toi”. Une trappe au plafond s’ouvrit et l’on me balança un seau d’excréments qui glissa sur moi comme une horde de cauchemars.
Les murs commencèrent à bouger. Se rapprochèrent. Le droit sur le gauche. Les rats délaissèrent les restes de soupe immonde et s’enfuirent.
“Laisse-moi sortir. Je t’offrirai des sourires gigantesques à n’en plus finir, une exhaltation permanente, éternelle. Laisse-moi sortir.”
En réponse il n’y eut rien, que les murs continuant leur affolante progression. Et moi cherchant un moyen de m’aplatir pour qu’eux n’en aient pas l’occasion.
“Laisse-moi sortir. Je ferai bruisser les feuilles des arbres dans tes phares, comme de jolies pièces dorées sous une lumière poussièreuse. Je te donnerai la mer à regarder, les cormorans et leur ballet, un chat qui dort sans se soucier de rien, sans vibrer les oreilles, au paradis. Je te donnerai un sourire dans l’ascenseur, une blague devant la machine à café, un verre offert, un fou rire partagé. Je t’offrirai un pote qui se marie, le bébé d’une amie, sur le tapis vert la noire en finish en deux bandes sans mettre la blanche, un bon livre, un chouette film, une jolie découverte, un sourire au coin d’une rue, une belle plongée, un mauvais rhume qui se finit, des jours qui passent, des projets qui se forment. Laisse-moi sortir.”
Les murs se figent. Discrètement des pas s’approchent. Cette fois les clefs tintent comme du cristal. La porte s’ouvre dans un rai de lumière qui me brûle les yeux.
Je m’épuise quand je suis grand. Petit, je renais à chaque instant. Et les humains après tout ne sont pas dupes.
Je m’élance dans la vie. Vous avez déjà vu, vous, un bonheur qui sourit ?
“Laisse-moi sortir”, hurlai-je en tambourinant à la porte.
“Laisse moi sortir.", répétai-je en regardant mes poings impuissants glisser sur la paroi.
“Laisse-moi sortir bordel.”, chuchotai-je en m’écroulant.
“S’il te plaît.”
“Je ferai ce que tu voudras.”
- “Tu mens.”, entendis-je en réponse comme un deuxième verrou qui grince, le cliquettis des clefs s’éloignant comme le pas d’un bourreau qui attend l’heure sans trop savoir quand elle viendra la garce.
Je me suis assis. Par terre sur le sale. Comme dans le vide. Recroquevillé comme un foetus dans un bocal de formol. M’étiolant dans les produits chimiques. Me ratatinant dans l’oubli. Dans la haine. La rancune.
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“Laisse-moi sortir et chacun de tes réveils résonnera du clairon de l’aventure. Chaque seconde sera délectable. Tu voleras. Laisse-moi sortir.”
On me hurla “Tais-toi”. Une trappe au plafond s’ouvrit et l’on me balança un seau d’excréments qui glissa sur moi comme une horde de cauchemars.
Les murs commencèrent à bouger. Se rapprochèrent. Le droit sur le gauche. Les rats délaissèrent les restes de soupe immonde et s’enfuirent.
“Laisse-moi sortir. Je t’offrirai des sourires gigantesques à n’en plus finir, une exhaltation permanente, éternelle. Laisse-moi sortir.”
En réponse il n’y eut rien, que les murs continuant leur affolante progression. Et moi cherchant un moyen de m’aplatir pour qu’eux n’en aient pas l’occasion.
“Laisse-moi sortir. Je ferai bruisser les feuilles des arbres dans tes phares, comme de jolies pièces dorées sous une lumière poussièreuse. Je te donnerai la mer à regarder, les cormorans et leur ballet, un chat qui dort sans se soucier de rien, sans vibrer les oreilles, au paradis. Je te donnerai un sourire dans l’ascenseur, une blague devant la machine à café, un verre offert, un fou rire partagé. Je t’offrirai un pote qui se marie, le bébé d’une amie, sur le tapis vert la noire en finish en deux bandes sans mettre la blanche, un bon livre, un chouette film, une jolie découverte, un sourire au coin d’une rue, une belle plongée, un mauvais rhume qui se finit, des jours qui passent, des projets qui se forment. Laisse-moi sortir.”
Les murs se figent. Discrètement des pas s’approchent. Cette fois les clefs tintent comme du cristal. La porte s’ouvre dans un rai de lumière qui me brûle les yeux.
Je m’épuise quand je suis grand. Petit, je renais à chaque instant. Et les humains après tout ne sont pas dupes.
Je m’élance dans la vie. Vous avez déjà vu, vous, un bonheur qui sourit ?
19 commentaires:
Jusqu'ici j'hésitais, mais là non. Désormais, et enfin, je sais quel est mon texte préféré sur ce blog !
De mon humble point de vue, le meilleur de tous, c'est celui-ci.
(Oui, c'était le jour à mettre une jupe, parce que le jean risque d'être un peu serré sous les genoux ;)
Moi aussi j'aime bien ce texte.
Le bonheur est souvent à portée de main, il suffit de bien y regarder.
Souvent on le cherche, on court après, on le traque, alors qu'il est juste là, tout près de nous, à attendre son heure.
C'est bon de te voir aussi schizoleil!
"vers l'infini et l'au-delààààààà"
Buzz l'éclair !
je viens ici, mais je post là bas, parce qu'ici, je te lis comme un livre, mes remarques restent en ma tête, mais là j'ai envie d'approcher l'auteuse pour une dédicace, de celle qu'on demande du bout des lèvres de peur de déranger, de peur de passer pour une cruche même pas ébréchée !
J'avais fait une démarche semblable chez CarrieB, il y a un an, de ces endroits dont on se délecte mais qu'on lit longtemps avant d'oser s'y mêler.
T'écris bien Estelle, tu me régales à chaque mot, à chaque nouvelle idée, et cette blogosphère qui regorge de blog&blag détient une nouvelle perle à ranger à côté de Carrie dans mes fétiches écrivaines !!
Féekabossée : je ne peux que pleurer à la lecture de tes mots. Il me semble bien que c'est tout ce qui me reste. Avoir des gens (incroyables) qui partagent ce que j'écris, Alors que je suis incapable de partager avec moi ce que je vis. Et dans mon monde que je fuis, j'aime aussi avoir une fée pour arrêter de marcher au ralenti.
Carrie: le bonheur a beau faire des grands signes, avec une voiture de merde on se plante quand-même dans le décor. Tant mieux, y'a l'assurance : ça c'est quand on est optimiste.
STV : oui j'ai une jupe, et sans culotte en plus... Merc.
À tous les trois, qui connaissez un peu l'autre personne, en attendant mon prochain voyage, je vous donne rendez-vous ici, parce que tous les moyens sont bons pour s'échapper de sa vie. La mienne en l'occurence.
Et que les bouteilles qui s'empilent sur mon bureau depuis 5h du mat me rendent on dirait...
j'allais dire consciente. J'avoue : bourrée.
Je... sentiment de malaise au départ... d'espoir ensuite...
Waouh.
(clap clap clap clap clap)
Merci ma fée, tu me fais rougir avec tes jolis compliments.
J'ai tout de suite craqué pour le style d'Estelle et je suis contente que toi aussi.
Maintenant, mon Estelle, le bonheur ce sont toutes ces petites choses insignifiantes qui nous font oublier qu'on est malheureux.
Il y a des évènements qui nous rendent tristes, des coups du sort, des injustices dans cette vie mais toutes les bouteilles du monde ne suffiront pas à les dissimuler malheureusement.
Nous on est loin des yeux, mais pas trop de ton coeur.
Je rêve, merci merci. Quant au malaise, il se dissipe souvent !
Carrieb, que tes mots sont doux à lire :)
Je m’en souviens comme si j’y étais. C’est David Lodge qui en avait eu l’idée mais c’est Audiard qui les avait amenés là (sur les conseils de Céline), il était en train d’écrire les dialogues de « Mort d'un pourri » pour Georges Lautner mais là il avait envie de faire une pause et comme ils étaient tous déjà au bistrot d'à côté... Il y avait là Burroughs, au sommet de sa forme, Chuck Palahniuk, précoce. Coluche était déjà là depuis un moment et Jacques Brel parlait encore de lui. Philip Roth, de passage en France pour se reposer d’avoir écrit « The Professor of Desire », fut happé par les joyeux fêtards. En plein milieu de l’après-midi, raides bourrés, ils étaient tous allés au bordel. Sur le chemin, ils avaient déterré Rimbaud, sachant qu’il s’ennuyait encore plus dans la mort que de son vivant, il ne ressemblait plus à grand chose avec sa jambe de bois et son squelette tout pourri, mais il s’est bien marré. Will Self, retenu, avait malgré tout envoyé un mot d'excuse de sa maman. Ce fut le dépucelage pour Colum McCann et Bret Easton Ellis et ils en gardèrent un bon souvenir. Finalement, le seul point noir de la journée c’est qu’il n’y avait qu’une pute dans ce bordel, et il a fallu faire la queue. En gros, c’était quand même un chouette jeudi après-midi.
Neuf mois plus tard, Estelle naquit.
...en Afrique donc rien à voir.
La première condition pour être heureux - et on l'oublie trop souvent - c'est de le vouloir. Parce qu'avec les vies que nous menons (surtout ceux qui ont vu un peu le monde), franchement...
Dis-donc l'admirateur timide mais pas trop : comment ça "rien à voir" ????! ;)))
Très drôle ton texte. Pour un AD !
STV, t'as bien raison. Mais c'est marrant quand même comme on perd parfois les clefs du tiroir à volonté. D'où l'intérêt d'avoir un double !
n'empêche moi j'ai pas pu m'empêcher de faire une fixation sur le "chuchotai-je", je trouve que ca sonne tellement bizarre la langue Francaise parfois!;)c'est pas ce qui y a de plus facile à prononcer pour un étranger:)
Un bonheur qui sourit est une évidence..Et ça serait bien que tu le laisses sortir.
Un peu effrayée par ton texte forcement, mais les mots ont un sens dans la realité.
Alors je m'incline.
J'adore tes textes... un vrai délice que j'avais oublié depuis trop longtemps, et que MadamePoppins m'a rappelé, alors merci à elle
Roussepoule, tu as raison, il sourit quand on le laisse sortir ;) (ce que personnellement je viens de recommencer à faire !)
Alexia, moi le truc qui me bousille c'est "après qu'il m'a dit blabla". Ce "m'a" là sonne tout caca !
Arpenteur, :) je dévore tous tes textes, et ils sont toujours aussi talentueux et variés, heureusement que la lecture n'entraîne pas l'obésité, parce que je boulotte en grosse gourmande !
Alexia, le doute m'habite d'un coup (pas de reins, hein), p'têt que ça ne s'écrit pas comme ça "chuchotai-je", j'sais pas en fait...
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